La Fille Des Zeppelins, by Fleur Hana

 

LA FILLE DES ZEPPELINS

Stairway to Hell

 



La Fille Des Zeppelins, roman écrit par Fleur Hana et paru le 05 décembre 2019, nous présente la jeune Paige Lewis, dix-sept ans, premier bébé à avoir vu le jour dans le ciel à bord d'un des zeppelins de son père, Sir Lewis. Ce brillant inventeur a permis à la noblesse de l'ancienne Londres de réchapper à la surpopulation du pays, mais si une vie de privilèges et de confort leur est assurée à bord de ces vaisseaux, son héritière rêve quant à elle d'aventure. Ses souhaits pourraient bien être exaucés lorsqu'elle se retrouve coincée sur Terre, aux côtés d'Isaac Downey, ennemi numéro 1 de la couronne...


J'ai beau ne pas avoir d'inclinaison particulière pour le genre de la nouvelle, il ne me déplaît pas d'en lire occasionnellement, et mes nombreuses expériences par le passé m'ont rôdée aux codes qui lui sont inhérents. Ajoutez à cela le nom d'une auteure qui apparaît régulièrement dans le feed de la bookstagrameuse Bangarang Daily, et la gratuité de cet ouvrage disponible sur Amazon, et vous aurez ainsi réuni toutes les raisons qui m'ont menée à finalement découvrir la plume de Fleur Hana 😎


Quant au bilan de cette lecture, je dois bien avouer qu'à titre tout à fait personnel, cette nouvelle ne m'aura pas pleinement convaincue. Tout d'abord, et comme je le mentionnais, la nouvelle est un genre qui peut paraître plutôt libre, mais qui reste assez codifié. Elle ne se centre que sur un seul événement, les personnages y sont - de par le temps moindre alloué au récit - moins développés, et enfin, mais surtout, sa chute se doit d'être inattendue. Certes, cette définition reprend les points d'une école un peu vieillotte, mais on peut tout de même retenir l'effet de "pointe", comme on l'appelait à l'époque, qui caractérise encore de nombreux ouvrages qui répondent de ce genre, de nos jours 🧐


Lorsque Baudelaire rédigeait ses notes sur les œuvres du romancier et nouvelliste Edgar Allan Poe, dont il assurait la traduction française, il avait notamment mis en exergue l'intérêt d'une incontournable chute "[La nouvelle] a sur le roman à vastes proportions cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l’intensité de l’effet. [...] L’unité d’impression, la totalité d’effet est un avantage immense qui peut donner à ce genre de composition une supériorité tout à fait particulière, à ce point qu’une nouvelle trop courte (c’est sans doute un défaut) vaut encore mieux qu’une nouvelle trop longue. [...] Si la première phrase n’est pas écrite en vue de préparer cette impression finale, l’œuvre est manquée dès le début.


Or, et j'en suis la première désolée, je n'ai pas du tout retrouvé cet effet de chute tant attendu 😬 Cette nouvelle m'a davantage donné l'impression d'un roman très court, condensé en une centaine de pages, sans que cela ne serve nécessairement au récit. En somme, seule sa brièveté le catégorise dans ce genre, à mon humble avis. Il s'agirait en réalité davantage d'une novella, détail qui a toute son importance car l' on en attend quelque chose de tout à fait différent, et à cet égard, je ne m'en suis retrouvée que plus frustrée concernant le cours du récit.


La matière première de cette histoire avait pourtant tout pour me plaire : une charmante uchronie mettant en scène la surpopulation d'un pays à l'ère de la révolution industrielle, sous le règne de la reine Victoria, une atmosphère steampunk plaisante et une belle romance sur fond de rébellion - thème que l'on pourrait croire usé jusqu'à la corde mais qui ne cesse de se voir renouvelé et abordé sous un nouveau jour, quand cela est bien fait.


Je tiens à répéter que ceci n'engage que mon expérience de lecture personnelle, et je ne tiens à blesser personne, mais cette nouvelle m'a, hélas, laissé sur la langue un goût de déjà-vu, avec un récit qui n'apportait finalement que peu de choses concrètes. L'histoire reste très basique, et ce n'est pas nécessairement un défaut, étant donné que la simplicité peut à bien des égards apporter beaucoup plus qu'un imbroglio d'intrigues qui ne font aucun sens. Mais il en a résulté une absence presque totale de surprise et une grande difficulté à me plonger dans la peau des personnages 🤔


Les deux protagonistes, Paige et Isaac, n'ont eu que peu de temps pour être développés, rapport aux codes susmentionnés, mais l'auteure s'est tout de même emparée de l'espace nécessaire pour asseoir leurs psychologies et leurs caractères. Toutefois, j'oserais émettre le bémol d'une longueur non-négligeable sur les états d'âme de chacun d'eux. À dire vrai, cela constituait presque toute la base du récit et ne laissait que peu de place à leur environnement. Outre ces longueurs, on rencontrait paradoxalement des sauts d'un point-clé à un autre qui m'ont laissée plus que perplexe. Pas mal d'ellipses sur des éléments clés, réorganisés de manière assez surprenante, cassaient parfois le rythme de lecture d'une page sur l'autre.


La romance s'est révélée un peu trop passive à mon goût, car si le rapprochement est évident d'emblée et ne cherche pas à se cacher derrière la subtilité, il peine à trouver une place effective et reste assez pudique - au sens figuré de la chose, bien entendu. Tout est si timide que j'ai eu du mal à me passionner pour leur histoire, alors que c'est généralement un de mes axes favoris sur lequel me pencher dans toute histoire d'amour qui croise ma route 🤷‍♀️


La plume de Fleur Hana n'est pas désagréable à lire, bien que certains points ont légèrement assombri le rendu général. L'enchaînement de phrases quelque peu alambiquées ont parfois ralenti ma lecture. J'aime beaucoup le style soutenu et la complexité des phrases qu'il implique, mais j'ai ressenti un souci du détail tel, chez l'auteure, qu'il la poussait parfois à remettre en exergue ce qui était déjà évident, au risque d'alourdir le tout. Pas mal de petites coquilles se sont également glissées dans le texte, et certaines expressions m'ont parfois déroutée - mais celles-ci sont inhérentes au style, cela dit, et ne sont pas remises en cause pour autant 😊


L'instant que j'ai particulièrement aimé dans toute cette lecture reste celui où le secret de Sir Lewis se voit révélé. L'horreur de celui-ci crée une tension indéniable, et je regrette de ne pas avoir pu compter sur davantage de rebondissements de ce genre, qui auraient entretenu un climat particulier au-dessus de cette résistance, ayant  développé des codes assez communs - mais que j'ai malgré tout apprécié de retrouver 😃


En conclusion, La Fille Des Zeppelins ne m'aura peut-être pas convaincue, mais je suis certaine qu'il saura plaire aux amateurs d'un Londres industriel et résolument steampunk, idéal pour passer quelques heures de lecture sans prise de tête. Quant à moi, je suis bien résolue à me pencher sur les autres ouvrages de Fleur Hana, d'un tout autre genre, qui me tendent les bras dans ma liseuse 😉



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Le petit mot de la fin 🖋


Ce retour sur le roman « La Fille Des Zeppelins » n’est que le fruit d’une appréciation générale de la lectrice perdue au milieu d’une foule de tant d’autres que je suis. Les remarques, positives comme négatives, qui y sont établies ne sont que le reflet de mon avis personnel sur la question et ne sauraient s’autoproclamer références en la matière ☝


N’hésitez donc jamais à ouvrir vous-mêmes ce livre pour vous en faire votre propre avis et si je ne pouvais vous donner qu’un conseil, terminez-le quoi qu’il en soit, afin d’avoir toutes les cartes en mains pour vous prononcer sur la qualité de celui-ci dans son intégralité 😉


N’oublions jamais qu’un roman dont la lecture ne nous prend que quelques heures représente en réalité des mois de travail acharné de la part de l’auteur, qui a mis une importante part de lui dedans et qui a pris le risque d’exposer son bébé au reste du monde 💚





                                                                                                                                              Roman-e


 


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