Ash Princess Tome I et II : Lady Smoke, by Laura Sebastian

 

ASH PRINCESS

Princesse Cendrillon, un jour, ton prince viendra

 

 

Aujourd'hui, je ferai d'une pierre deux coups en vous présentant les deux premiers tomes de la saga "Ash Princess", née de l'imaginaire de Laura Sebastian et parue aux éditions Albin Michel 😃


L'intrigue d'Ash Princess prend place des années après de la guerre qui a détruit et mené le pays d'Astrée, celèbre pour sa paix et la magie de ses Spirigemmes, à l'asservissement de son peuple. Pour asseoir sa domination totale, le Kaiser Corbinian, à la tête du peuple kalovaxien conquérant, a égorgé la reine bien-aimée d'Astrée. La petite Theodosia Eirene Houzzara, âgée d'à peine six ans, a assisté, impuissante, à l'assassinat de sa mère sous ses yeux. Dépossédée de tout, jusqu'à son propre nom, elle grandit sous le joug de ses tortionnaires, repliée quelque part au plus profond de son être. Mais bientôt, l'appel de la révolte et le sang des dieux grondent dans ses veines. Il ne faudrait qu'une étincelle pour que la princesse de feu renaisse de ses cendres...


Le premier tome d'Ash Princess annonce tout de suite le ton. Dès le départ, on se retrouve au beau milieu d'une situation tendue à l'extrême et dont la dangerosité n'est plus à prouver. Nous plongeons directement au cœur du quotidien de Théodosia, retranchée dans la peau de Lady Thora pour éviter de déchaîner la colère de ce dictateur immoral que se complaît à être le Kaiser. Non, de ce côté-là, n'essayez pas de chercher la moindre trace d'humanité dans la folie de cet homme, car vous n'en trouverez pas. Pour tout dire, Ash Princess réunit précisément les ingrédients que j'attends d'une histoire où la vie du personnage principal est soumise aux caprices d'un seul homme et à la cruauté du régime en place. 


Difficile de classer par ailleurs cette histoire dans un genre : on serait tenté de penser en premier lieu à une forme de dystopie, mais il faut veiller à ne pas ignorer la dimension fantastique de ce monde totalement fictif dans lequel évoluent les divers peuples, dont ceux d'Astrée et de Kalovaxie. Car la magie et les pouvoirs qui en découlent sont bien présents au fil des pages. Il est entendu que la dystopie n'est pas toujours matière d'anticipation et Ash Princess en est une parfaite illustration.


Lorsque j'ai commencé ce roman, il me semble que je sortais tout juste de ma lecture du premier tome de Red Queen, qui n'avait pas causé de grand chamboulement dans ma vie de lectrice mais plutôt un ennui certain. Je craignais donc, à dire vrai, de me retrouver dans une énième histoire similaire au genre si codifié qu'il finit par en perdre sa saveur. Mais, la dimension "Du sang et des larmes !", qu'il faut prendre au pied de la lettre dans ce contexte, a apporté une forme de piquant bienvenu tout au long de l'ouvrage 🤷‍♀️


La dissimulation est un art extrêmement compliqué, d'autant plus lorsqu'il est l'élément clé de la survie d'une jeune fille, à l'enfance tragiquement réduite en cendres par une autorité dictatoriale au détriment du modèle familial. Il n'est pas rare de voir la question abordée sous un jour plutôt banalisé, dirons-nous, dans la littérature Young Adult sous toutes ses formes (science-fiction, fantastique ou autres, donc). Au milieu de situations assez souvent dépourvues de subtilité et débordant de coups de chance en tous genres, il est intéressant de voir de quelle manière Ash Princess a su tirer son épingle du jeu en ne cédant pas à la facilité 🤔


Theodosia, malgré son jeune âge, n'est pas que la gamine naïve qui est quelquefois dépeinte et dont les remises en question peuvent certes au bout d'un moment décourager. Elle a cette résilience et cette force de caractère en elle qui lui permettent de survivre à des horreurs que peu de monde parviendrait à supporter. On se dit bien parfois qu'à sa place, nous serions capable d'en faire autant mais soyons un peu honnêtes : c'est plus facile à dire quand on est bien à l'abri derrière les pages de son livre.


L'absence totale de personnes de confiance dans son entourage et l'humiliation permanente qu'elle subit de plein fouet deviennent presque des éléments de description figuratifs à force de répétition, mais c'est tout là qu'est le piège : l'habitude n'efface pas la fêlure grandissante. Je dois admettre que j'ai ressenti un soulagement certain lorsque le destin a enfin remis sur son chemin des rebelles à même de lui apporter, si ce n'est une libération immédiate, un soutien néanmoins qui lui faisait défaut jusqu'ici.


Mais avant que de véritables liens ne se nouent entre eux, il y avait auparavant la seule et unique relation un tant soit peu sincère qu'ait connue, non pas Théodosia, mais Thora. La complexité du lien qui l'unit avec sa meilleure amie Crescentia a eu de quoi me poser question jusqu'à la fin de l'histoire. Car s'il apparaissait au départ évident que leur amitié reposait sur une base des plus sincères, l'amour et la jalousie ont poussé Cress à certains comportements qui semblaient ne plus laisser planer aucun doute. Mais rien jamais n'est tout blanc ou tout noir et je dois bien reconnaître qu'à la place de Theo, je n'aurais plus su sur quel pied danser.


De la même façon, bien que les triangles amoureux sont vus, vus, et revus et peuvent vite devenir lassants pour une génération qui a connu le procédé sous toutes ses coutures, on peut souligner qu'une fois n'est pas coutume, c'est un amour véritable et assez complexe que voue l'héroïne aux intéressés : son ami d'enfance Blaise et le fils du Kaiser, Søren. Si les tergiversations et les doutes de celle-ci fait la part belle aux évidences que nous avons sous le nez, on peut néanmoins comprendre son mécanisme réflexif et les hésitations qui guident ses choix.


Si le fond de l'histoire pourrait faire penser à beaucoup d'autres synopsis du même genre - l'histoire d'un enfant de dirigeant (dirigeante, en l’occurrence) qui se soumet aux normes d'une société imposée pour espérer renverser le pouvoir illégitime, le tout sur fond de résistance desespérée mais ayant finalement toutes ses chances -, Laura Sebastian s'est quand mêle assurée de s'approprier son propre univers et d'avoir creusé un peu plus sous la surface de tout ce qui existait déjà.


Les efforts de l'auteure ne se sont pas relâchés sur le deuxième tome de cette saga, et l'on peut même dire que l'on sent une nette évolution dans le saga. Je ne veux pas dire par là qu'il y a une amélioration sensible de qualité vu que les deux tomes sont également aussi bien pourvus sur le fond que sur la forme. Non, ce que je veux dire, c'est que, comme une personne qui grandit au fil des années et des épreuves, Lady Smoke présente dans la continuité d'Ash Princess une version progressivement plus mature et sérieuse que jamais des personnages et de la tournure que prend l'intrigue.


Après l'écrasant danger que lui faisait courir la folie du Kaiser, Theodosia doit à présent faire face à la pression étouffante qu'exerce à son tour Dragonsbane et c'est là encore, tout comme avec la jeune Crescentia, une danse perpétuelle et instable pour comprendre les véritables intentions de ce parent retrouvé et peu enclin à l'effusion.


Alors que le vent de liberté qui souffle sur sa nouvelle existence est quelque peu terni par la menace des poursuites du tyran qui a ruiné sa vie et son pays, on découvre une nouvelle facette de Theo qui gagne en assurance mais se retrouve avec plus d'interrogations sur les bras que jamais. De même, presque tous les personnages déjà présents dans le premier tome se dévoilent sous un nouveau jour, et j'ai particulièrement apprécié le ressort comique qui s'est dégagé de ce deuxième opus, apportant un versant léger fort appréciable au milieu de ce climat toujours plus tendu et chargé en trahison.


Encore une fois, je me suis sentie chez moi au milieu des manigances mortelles, non plus de la cour kalovaxienne cette fois mais d'une autre forme de cour, plus internationale, pourrait-on dire. Si, tout comme au court du premier volet, je n'ai vécu aucune péripétie comme un retournement de situation incroyable tant il était aisé d'y voir clair dans les jeux de pouvoir de chacun, je n'en ai pas moins apprécié cette ambiance toujours un peu plus délétère. Plus il faut regarder où l'on met les pieds, plus je m'amuse, c'est comme ça 🤷‍♀️


L'action est très bien menée tout du long et plus le temps passe, plus le danger se resserre autour de Theodosia comme Kaa autour de Mowgli. "Aie confiance", voilà ce qu'enjoint notre héroïne à chacun de ses amis avant l'acte ultime et pour le moins courageux qui clôt ce second tome. Après les événements déterminants qui ont modifié une situation déjà par trop instable, difficile de savoir quelle tournure va prendre le destin de la Reine d'Astrée. Une chose est certaine, je serai au rendez-vous pour le prochain volet à paraître. Et vous ? 😉



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Le petit mot de la fin 🖋


Ce retour sur les deux premiers tomes de la saga « Ash Princess » n’est que le fruit d’une appréciation générale de la lectrice perdue au milieu d’une foule de tant d’autres que je suis. Les remarques, positives comme négatives, qui y sont établies ne sont que le reflet de mon avis personnel sur la question et ne sauraient s’autoproclamer références en la matière ☝


N’hésitez donc jamais à ouvrir vous-mêmes ce livre pour vous en faire votre propre avis et si je ne pouvais vous donner qu’un conseil, terminez-le quoi qu’il en soit, afin d’avoir toutes les cartes en mains pour vous prononcer sur la qualité de celui-ci dans son intégralité 😉


N’oublions jamais qu’un roman dont la lecture ne nous prend que quelques heures représente en réalité des mois de travail acharné de la part de l’auteur, qui a mis une importante part de lui dedans et qui a pris le risque d’exposer son bébé au reste du monde 💚





                                                                                                                                              Roman-e


 

 

 

 

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