Elvira Time, Tome II : Jail Time, by Mathieu Guibé

 

JAIL TIME

Orange is the new Elvira






Vous vous en souviendrez peut-être, Lage et moi vous présentions il y a un an et demi de ça un livre que nous avions adoré : Dead Time. Laissez-moi aujourd'hui vous parler de sa suite tant attendue : Jail Time, de Mathieu Guibé, paru en Avril 2016 aux Éditions du Chat Noir 😃


Cette fois encore, la composition du synopsis est telle que je ne peux que vous faire le plaisir de le citer textuellement, plutôt que de le faire avec mes propres mots :


« Pour certains, le lycée, c’est l’enfer. Pour moi, la situation s’est pourtant considérablement améliorée depuis que Ludwig, le savant fou prépubère, m’invente des armes sur mesure pour embrocher du vampire pendant que Belinda, sous les traits de ma prétendue avocate, me permet de toucher la prime de mes exécutions, avant ma majorité.


Mais bien entendu, il a fallu que les politiques s’en mêlent : je n’ai certainement pas besoin d’une réorientation gouvernementale quant à l’intégration des Tolérés. Ma bienveillante croisade anti-raclures multicentenaires dans les couloirs du bahut va être bien plus hard, s’il m’est dorénavant interdit d’exploser un ou deux de ces petits vampires à collier.


Dénuée de la fibre patriotique, née pour zoner du mauvais côté de la légalité, d’aucuns disent que je suis à deux doigts de verser dans le crime, ce qui se traduit maintenant par verser du sang de Toléré. Il faut bien l’admettre, ces gens sont loin d’avoir tort… »


Je le disais déjà à l'égard de Dead Time, mais question humour, ce second tome ne s'est pas laissé distancer par son prédécesseur ! Quel plaisir que de retrouver ce ton mordant et qui sait toujours appuyer là où ça fait rire - à ce jeu comme à beaucoup d'autres question littérature, Mathieu Guibé excelle. La nature humaine prend bien souvent plus cher que les vampires, qui se font pourtant tailler en pièces à chaque coin de rue, ce qui n'est pas peu dire. Même en grinçant des dents, il est impossible de ne pas se rendre à l'évidence distillée après chaque "étude de cas" 😂


Petite piqûre de rappel qui ne fait jamais de mal, rire de tout et de tout le monde est toujours possible et rudement efficace, quand cela est fait avec une verve humoristique dont on ne présente plus les nuances ni les degrés. L'auteur renouvelle ce postulat avec grâce et élégance, à l'image de son héroïne qui arriverait à vous présenter un bain de sang comme le plus raffiné des courants artistiques. Oui, certains points m'ont décroché la mâchoire, partie quant à elle à la recherche d'un respect pourtant déjà enterré, mais soyons honnêtes, comment résister quand cela est réalisé avec l'art et la manière ? 🤭


J'ai adoré retrouvé tous les personnages de l'Elvigang, car, il faut le dire, ils m'avaient bien manqué. Le point de vue de Belinda abordé m'a régalé par son double-tranchant. On ne peut que saluer le paradoxe que représente cette fille, entre sa capacité à courber la réalité pour la faire plier selon sa perception et ses désirs, et ses fulgurances d'esprit qui en font quelqu'un de beaucoup moins nunuche et innocent que l'on voudrait bien nous le faire croire. Quant à Ludwig et sa science, eh bien, on ne s'habitue pas à son génie et à sa capacité à vous retourner le cerveau en quelques phrases rondement construites.


J'ai regretté de ne pas voir plus souvent Jéricho dans cet opus, non pas à cause d'un réel manque de présence, mais plutôt parce que ses furtives apparitions me l'ont rendu plus attachant que jamais. Son caractère me semble de plus en plus affirmé, mais sa douceur et sa manière de veiller sur Elvira me touchent énormément. Quelque chose me dit que mon intérêt pour lui risque d'être satisfait et même écorché dans le prochain tome - merci à ma dealeuse préférée pour ses mises en garde sur la question, je pars avec un profond manque de sécurité, surtout quand on connaît la personne derrière la plume 😏


Elvira ? Elvira me vend du rêve, que voulez-vous que je vous dise ! Son look, ses manières pourtant déplorables, sa répartie, son assurance, sa classe à toute épreuve, comment ne pas aimer cette fille un brin asociale ? On ne va pas se mentir, elle traîne bien quelques casseroles, mais ça ajoute sérieusement à son charme. Si je n'avais pas une peur panique de couper mes cheveux, pas sûr que je ne me serais pas laissée tenter par son audace capillaire 😎


Outre les personnages, l'intrigue qui se tisse au fil de cet opus m'a incroyablement plu, par sa propension à ne pas tomber dans une redite du premier tome. Si l'ambiance est familière et réconfortante, ne vous attendez pas à retrouver une pâle copie des précédents évènements. Même les références incessantes à la pop-culture dont je suis toujours aussi adepte se renouvellent et ne nous laissent pas une minute de répit. Personnellement, des références comme celle à Shawhank Redemption me cueillent sans aucune autre forme de procès.


La plume de Mathieu Guibé n'a décidément de cesse de m'étonner, car outre le fait de plonger à cœur perdu dans ses histoires, je ne m'émerveille qu'à chaque fois un peu plus de son sens de la description innée, délicieusement macabre et pleine de poésie, couplée à sa capacité à manier l'humour comme un flacon de nitroglycérine acheminé sur une route cahoteuse. Car oui, l'explosion (de rire) est fréquente. L'auteur ose, et ose tout, sans prendre de gants - ils ne feraient que gêner le maniement du pieu, après tout 💁‍♀️


Si Diane Özdamar a succédé à Élodie Marze aux manettes de l'illustration de ce roman, je dois avouer que son style s'est admirablement fondu aux précédentes créations et a même sublimé l'univers d'Elvira. Je suis tombée amoureuse des planches glissées ci et là tout du long, car toute l'essence du récit passe aisément en un seul coup d’œil grâce à ces graphismes profonds et accrocheurs 🥰


En conclusion, il me tarde de lire le tome suivant et de mettre à mal mes émotions, car c'est bien de cela dont il va être question... La chute du tome m'a filé un petit coup au cœur et j'ai peur que ça ne soit pas que le premier d'une longue série. En tout cas, je ne sais pas si c'est grave, docteur, mais... j'ai hâte ! 😅



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🧛‍♀️🧟‍♀️
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Le petit mot de la fin 🖋

Ce retour sur « Elvira Time : Jail Time » n’est que le fruit d’une appréciation générale de la lectrice perdue au milieu d’une foule de tant d’autres que je suis. Les remarques, positives comme négatives, qui y sont établies ne sont que le reflet de mon avis personnel sur la question et ne sauraient s’autoproclamer références en la matière ☝

N’hésitez donc jamais à ouvrir vous-mêmes ce livre pour vous en faire votre propre avis et si je ne pouvais vous donner qu’un conseil, terminez-le quoi qu’il en soit, afin d’avoir toutes les cartes en mains pour vous prononcer sur la qualité de celui-ci dans son intégralité 😉

N’oublions jamais qu’un roman dont la lecture ne nous prend que quelques heures représente en réalité des mois de travail acharné de la part de l’auteur, qui a mis une importante part de lui dedans et qui a pris le risque d’exposer son bébé au reste du monde 💚





                                                                                                                                              Roman-e





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