La Cerise Sur La Pièce Montée, by Kirell Wyle


LA CERISE SUR LA PIÈCE MONTÉE

Les apparences, ça trompe énormément !





On se retrouve aujourd'hui pour parler du roman "La Cerise Sur La Pièce Montée" de Kirell Wyle, paru à la mi-mars 2019 en auto-édition 😃


Je me souviens très bien de la première fois où mes yeux se sont posés sur ce livre. J'avais déjà eu l'occasion de lire les premiers récits de Kirell sur la plateforme littéraire Wattpad, et n'avais jamais été déçue par ses prises de risques et l'originalité de ses intrigues. 


Une fois de plus, l'auteur a su surprendre son lectorat en s'engageant dans les aventures d'Amanda Laracello, wedding planneuse à succès qui se voit confier un contrat peu banal. Pour avoir le privilège de s'occuper de l'organisation du mariage d'un couple de clients fortunés, la jeune femme va devoir se conformer aux exigences de la fiancée, qui va pousser l'extravagance jusqu'à lui demander de s'enlaidir devant son futur mari. Si la situation paraît déjà alambiquée, ce n'est encore rien comparé au moment où Amanda réalise que le fameux fiancé ne lui est pas totalement inconnu...


La première chose qui frappe quand on lit les premiers chapitres de ce livre, c'est l'aisance avec laquelle l'intrigue se met en place. On ne réalise pas toujours à quel point mettre en scène un récit dans un cadre réaliste peut s'avérer ardu. On peut certes prendre appui sur cette réalité, mais on en subit aussi les contraintes, qu'elles soient logistiques, géographiques ou même chronologiques. Au-delà de cela, il faut surtout réussir à captiver ses lecteurs en présentant cette réalité, à laquelle on essaie pourtant finalement un peu d'échapper en se plongeant dans un ouvrage de fiction 🤷‍♀️


Dans le contexte de La Cerise, c'est habilement mené et cela, grâce à une plume fluide et concise, qui manie la description avec adresse sans en abuser ou s'y attarder trop longuement, tout en misant sur un humour toujours présent par touches. Car l'humour est une constante dans cet ouvrage, mais pas au détriment d'une histoire solide et qui garde sa part de sérieux. Si le tout se présente comme une comédie feel-good sympathique, on aborde l'air de rien des réflexions intéressantes, qui touche du doigt le domaine de la nostalgie 😄


Cela n'échappera à personne, les aventures d'Amanda trouvent un écho dans les comédies du genre, tout particulièrement au cinéma, qui nous parle de mariages contrariés, de quiproquos et de travestissements. Se grimer pour se faire passer pour quelqu'un d'autre, c'est presque vieux comme le monde : on pense bien évidemment à des classiques comme Tootsie, Madame Doubtfire, Le Bossu, Mission Impossible, Ma Femme S'appelle Maurice... et j'en passe. 


Que ce soit à grand renfort d'une technologie novatrice qui n'existe pas encore ou un maquillage élaboré, parfois cela fait illusion, parfois non. Tout dépend des traits caractéristiques et du degré de la connaissance de la personne - je peux vous dire que si mon père s'était déguisé en Madame Doubtfire, bien que le maquillage ne soit pas si mal réalisé, je l'aurais reconnu tout de suite (et j'aurais bien ri, mais c'est un autre débat 😂). Pareil pour le Bossu, version Daniel Auteuil, notamment, bien que la transformation soit pourtant habilement réalisée. Mais si tant est que cela ne soit qu'une lointaine connaissance dont on a peu de souvenirs, l'illusion peut facilement se maintenir.


C'est ce que j'ai apprécié dans le travestissement d'Amanda : elle n'en fait pas des tonnes. En choisissant de n'arborer qu'un faux nez, une nouvelle coupe de cheveux et des vêtements plus larges pour cacher sa silhouette, elle casse juste ce qu'il faut de l'harmonie de son visage en n'en retouchant qu'une partie. Plutôt que de s'engager dans un délire extravagant pour tout modifier, elle mise sur quelque chose de simple, mais de redoutablement efficace. 


Un nez est un point de repère essentiel dans la construction inconsciente d'une reconnaissance faciale - à titre personnel et juste pour exemple, j'ai sérieusement eu des difficultés à reconnaître une chanteuse célèbre lorsque je l'ai revue pour la première fois depuis très longtemps après sa rhinoplastie. On ne peut donc remettre en cause l'authenticité et la valeur de cette transformation, du moins à mes yeux.


L'avantage de cette intention de brouiller les pistes, c'est qu'on se retrouve avec des quiproquos invraisemblablement vraisemblables, dans le cadre de cette histoire en particulier. Tout est mené avec une gradation si habile qu'Amanda s'enfonce progressivement dans ses mensonges sans que cela ne paraisse gros ou improbable.


En dehors de cette intrigue en montagnes russes, qui nous pousse à un millier d'interrogations sur le pourquoi du comment tout au long de l'histoire, j'ai grandement apprécié la double temporalité du récit. Celle-ci, au-delà d'enrichir le background de l'ouvrage, permet également d'aborder le regard sur sa propre jeunesse et la nostalgie que cela suscite. Si l'héroïne a une petite dizaine d'années de plus que moi, nous partageons pourtant pas mal de références issues de la culture populaire, surtout celle des années 2000 : livres, films, séries, jeux... etc.


On retrouve aussi cette définition de la période pré-technologie. Je ne dis pas que nous vivions comme des dinosaures dans les 00's, mais si on repense au fait que le premier IPhone est sorti le 29 Juin 2007, que la TNT s'est développée sur un tard (je me souviens très bien avoir dû attendre juillet 2013 pour découvrir d'autres chaînes que les 6 avec lesquelles nous tournions depuis toujours), ou encore que la connexion Internet se faisait avec un long câble interminable avant la démocratisation du Wi-Fi, on se rappelle aisément que le temps libre était plus facilement monnaie courante lorsque nous étions petits, et le plus souvent synonyme d'ennui.


Un passage du livre m'a notamment fait réfléchir sur le sujet : "Encore adolescente, je me plaignais des dimanches où j’avais l’impression de m’ennuyer à mourir, de constater que rien ne pouvait être fait [...] Et pourtant j’avais bien conscience aujourd’hui que c’était un luxe. J’étais heureuse d’avoir connu l’ennui, il ne rendait que les moments de vie plus intenses [...] Nos aînés disaient « c’était mieux avant ». Ça me semblait être un cycle éternel. Je savais qu’il n’y avait pas de vérité, mais j’étais heureuse d’avoir vécu cette jeunesse-là.


L'ennui à mourir, je l'ai bien connu, et il n'aurait mieux pas valu dire à cette version plus jeune de moi-même qu'elle serait un jour contente d'avoir connu ça. Mais la vérité, c'est que même si aujourd'hui encore, je me dis que j'ai perdu un temps considérable à m'ennuyer alors que j'aurais pu faire tant de choses, cela a tout de même eu le mérite de toujours stimuler mon imagination et mon goût pour des activités qui me mènent aujourd'hui là où j'en suis 🤔


Et c'est bien là tout le côté intéressant de la chose : Kirell Wyle nous offre une fenêtre sur notre passé, un instant de réflexion pour faire le point, sans imposer une leçon de morale. Le "c'était mieux avant" n'est pas entériné comme une vérité absolue, c'est simplement une façon de voir les choses qui nous permet tout autant d'apprécier ce qu'à été notre passé que ce qu'est notre présent, aussi différentes soient ces deux époques.


Autre point sur lequel j'aimerais revenir : l'habileté avec laquelle l'auteur se glisse dans l'esprit d'une femme. Encore un autre pari dans le domaine de l'écriture, celui d'abandonner pour un auteur sa psychologie masculine au profit de celle de sa protagoniste féminine, et vice-versa pour une auteure et son protagoniste masculin. Cela est encore plus vrai dans le domaine de la Chick-Lit, où le quotidien et la personnalité d'une femme sont au centre même du genre abordé. 


Ce qui est appréciable ici, c'est que tout en jouant avec les clichés sans en abuser, Kirell Wyle parvient à se mettre à la place d'Amanda et des femmes, en général, avec leurs sensibilités, leurs moments de folie, leurs sentiments et leurs regards sur les hommes. Les visions de femmes présentées dans La Cerise Sur La Pièce Montée ne sont certes pas universelles mais s'intègrent sans problème dans la multitude de celles-ci.


En conclusion, La Cerise est un véritable roman feel-good qui vous fera passer un bon moment et sourire tout du long. Idéal si vous aimez les romances qui ne partent pas du bon pied, les situations compliquées et les faux-semblants. Avec ses personnages aussi hauts en couleur que variés - dont j'aurais aimé pouvoir vous parler plus longuement, mais cela gâcherait la surprise - et une héroïne à la forte personnalité et à l'entourage solide, pas le temps de s'ennuyer !



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Le petit mot de la fin 🖋


Ce retour sur « La Cerise Sur La Pièce Montée » n’est que le fruit d’une appréciation générale de la lectrice perdue au milieu d’une foule de tant d’autres que je suis. Les remarques, positives comme négatives, qui y sont établies ne sont que le reflet de mon avis personnel sur la question et ne sauraient s’autoproclamer références en la matière ☝


N’hésitez donc jamais à ouvrir vous-mêmes ce livre pour vous en faire votre propre avis et si je ne pouvais vous donner qu’un conseil, terminez-le quoi qu’il en soit, afin d’avoir toutes les cartes en mains pour vous prononcer sur la qualité de celui-ci dans son intégralité 😉

N’oublions jamais qu’un roman dont la lecture ne nous prend que quelques heures représente en réalité des mois de travail acharné de la part de l’auteur, qui a mis une importante part de lui dedans et qui a pris le risque d’exposer son bébé au reste du monde 💚





                                                                                                                                              Roman-e


 

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